Diagnostique de la maladie de la terre au stade de l'effondrement: "Hypothèse K.: prolifération technométastastique du cancer numéricomachinique porté par un hôte-humain hébété et engourdi mais déjà symptomatique. Croissance tue-morale. Espoir ou désir d'une thérapie bégayante qui pense l'organicité au-delà de l'organe et la guérison par-delà rémission. Tirant, douloureusement, les leçons d'une médecine devenue modeste malgré elle. Lucidité kafkaïenne, maussade mais clairvoyante, comme invite à exorciser l'absurdité inertielle et objectale par une observation fragile et poétique. Révision drastique des règles du jeu pour contrefaire une partie perdue d'avance" (p. 196-197). Le verdict contre la science est claire: La production systémique de machines et l'artificialisation de la vie humaine n'est possible qu'en vertu de la complicité de la science qui a oublié de regarder au-delà du cadre étroit de l'objet de la recherche fondamentale. Elle a perdu sa poésie, sa force créatrice et subversive qui lui permet de penser au-delà des schémas figés et systémisés du statu quo, pendue aux lèvres de la société capitaliste et du dictat de la rentabilité qui exige quantité en lieu et place de qualité libératrice et créatrice. Il lui faut le courage de la découverte, de l'imprévu, de l'expérimentation à l'issue incertaine pour déployer une force modificatrice de ce monde. La science qui ne génère que des nouvelles machines (exemple l'intelligence artificielle) creuse davantage le fossé de la tombe humaine. La science qui n'est pas capable de se réinventer, de se libérer du corset des idéologies contemporaines et de viser au-delà de l'objet une nouvelle finalité, à savoir la modification des manières de penser le monde, ne fait que contribuer à l'accélération de l'écocide, la zoélyse, à savoir l'extinction de tout le vivant sur terre. L'hypothèse K. comme 'karkinos' ('crabe', 'cancer') ou comme 'Kafka' désigne ce procès dans lequel nous sommes engagés irrémédiablement, dans l'attente cynique de notre auto-déstruction finale.